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La Social-Démocratie dans le 06,
27 janvier 2007

La vision de la Droite sur le chômage ne résiste pas à l'épreuve des faits

Les libéraux proposent trois axes pour expliquer et réduire le chômage.

Le premier axe est la modération salariale, qui doit permettre aux entreprises d’embaucher plus sans augmenter leurs coûts.

La réduction des salaires étant difficile (salaires minimums imposés par l’Etat ou par les conventions collectives), leur progression a été bloquée. La part relative dans le PIB a été réduite. Les bas salaires sont devenus la norme.

On peut aussi réduire le coût de l’emploi sans pour autant réduire le salaire de l’employé, en réduisant les cotisations sociales. Il s’agit d’une subvention à l’emploi, souvent peu qualifié. Les études mettent en évidence une surévaluation de l’effet des réductions de charges sur l’emploi global ; ces allègements créent peu d’emplois, mais surtout ils ont un effet nul, voire négatif sur l’emploi qualifié.

Les allègements de charges sont très coûteux et créent peu d’emplois, ils favorisent même les emplois peu qualifiés aux dépens d’emplois plus productifs.

Ce genre de choix de gestion est rentable à court terme, mais finit par peser sur notre compétitivité.

Le deuxième axe des libéraux est le niveau trop élevé des allocations chômage, censées favoriser le non-retour à l’emploi des chômeurs.

Ces aides seraient trop proches du montant du salaire que les entreprises pourraient proposer aux chômeurs, ce qui inciterait ceux-ci à "l'assistanat". On retrouve cette idée dans le programme de l’UMP pour 2007.

Or les études montrent que le taux d’allocation chômage dans différents pays ne semble pas influencer le taux de chômage. Cela contredit l’idée que de fortes allocations chômage favorisent le chômage. Même la durée des allocations chômage n’explique pas le taux de chômage de longue durée.

Le troisième axe pour réduire le coût du travail est l’augmentation de la flexibilité de l’emploi.

Cette flexibilité doit permettre de mieux utiliser la main-d’œuvre, d’embaucher plus facilement sans craindre de difficultés pour licencier ensuite.

Or les études montrent que la flexibilité n’entraîne pas forcément un faible taux de chômage, c’est-à-dire que le manque de flexibilité n’explique pas à lui seul le taux de chômage. La solution vantée par l’OCDE, le Medef,   une bonne partie de la classe politique est donc un mauvais levier pour réduire le chômage.

La vision libérale ne survit pas à l’épreuve des chiffres, il y a d’autres facteurs.

Les entreprises utilisent leur main-d’oeuvre pour produire une quantité de biens et de services. Elles embauchent donc une quantité donnée de main-d’oeuvre pour répondre à la demande.

Les libéraux pensent que c’est le niveau de la production qui définit la demande globale, le chômage serait donc volontaire. Or, dans notre société de surproduction, cette analyse est d’un autre temps, car aujourd’hui, produire ne permet pas de vendre, tous les chefs d’entreprises le savent, la place prise par le marketing le démontre.

Comment résoudre le problème du chômage en France ?

On peut mettre en lumière quelques pistes évidentes :

- Le système éducatif n’est pas assez performant : chaque année 160 000 jeunes arrêtent les études sans diplôme.

- Le sous investissement chronique de la recherche fondamentale et de la R&D qui réduit la compétitivité de nos entreprises et nous empêche d’être présents sur des marchés nouveaux.

- Le sous investissement productif, du à la frilosité des investisseurs français qui ne font pas confiance aux entrepreneurs mais préfèrent l’immobilier, l’épargne, ou la spéculation boursière.

Pour faire face à la mondialisation qui allait inévitablement mettre en concurrence les salaires, certains pays ont tout misé sur les nouvelles technologies, sur les emplois à haute valeur ajoutée qui permettent ensuite de garantir la croissance et donc les revenus.

La France n’a pas su ou pas oser prendre ce risque, en investissant massivement dans la recherche, la formation, et en créant un terrain favorable pour les entreprises innovantes.

Au lieu de sortir de la crise qui s’annonçait par le haut, en misant sur des emplois plus qualifiés, elle a préféré réduire le coût du travail et renforcer la précarité.

Il est encore possible de prendre ce train de croissance et de progrès en faisant des choix et en responsabilisant les décideurs sur une vision à plus long terme.

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