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La Social-Démocratie dans le 06,
5 janvier 2009

Voilà pourquoi la gauche d'aujourd'hui doit impérativement exercer son « devoir d'inventaire »

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Jacques Delors a donné une longue interview la semaine dernière à la tribune pour les dix ans de l'Euro.

Interrogé sur la baisse du niveau de niveau de vie dans les pays développés, Jacques Delors commence par une analyse factuelle désormais assez communément acceptée.

Deux facteurs ont joué. Le premier: la mondialisation exerce une pression sur les revenus et le niveau de vie des pays riches. Pour réagir contre cela, le crédit a été développé - la consommation, l'endettement-, c'est la voie choisie notamment par les Etats-Unis.

Il en développe ensuite un second lié aux dynamiques générationnelles, mais pour refaire aussitôt du premier l'élément explicatif principal.

La mondialisation a pesé sur tout cela. Il ne faut pas chercher d'autre facteur. Si vous regardez la hiérarchie des revenus, vous constaterez que dans la tranche (le décile) la plus élevée, seule une partie a vu ses revenus croître très nettement.

Jacques Delors pose donc deux données importantes : La baisse du niveau de vie et une croissance qui ne bénéficie qu'à une toute petite fraction de la société. Et il impute sans ambiguïté ces deux phénomènes à la mondialisation. Face à un constat aussi implacable, on s'attend donc à ce qu'il enchaîne ensuite sur une remise en cause en forme de méa culpa collectif, de ce système pour reconnaître qu’il n’a finalement n'a pas créé les richesses que l'on attendait ou qui a entraîné des effets pervers auxquels on ne pensait pas, qu'il aurait peut-être fallu stimuler la hausse des salaires, endiguer la concurrence mondiale ou avoir une autre politique monétaire ...

Que neni !! Jacques Delors assume tout avec cet extraordinaire aveu :

« Cela dit, je ne veux pas rentrer dans un fleuve de pleurs comme certains. Il faut bien voir qu'il y a un marché mondial et que ceux qui veulent avoir leur place au soleil poussent, donc les classes moyennes souffrent de cela »

Donc, peu importe si l'immense majorité de la population souffre de la mondialisation, si les inégalités explosent et que finalement la mondialisation a conduit à la crise actuelle en favorisant une explosion du crédit destinée à compenser un écrasement des salaires. Ce qui compte surtout, c'est que l'infime minorité des « élus », ceux qui sont compétitifs dans un marché mondial puissent exprimer tout leur talent!

Mais Jacques Delors se souvient alors qu'il était de gauche, chrétien de surcroît. Il lui appartient donc de s'apitoyer et exprimer un peu de compassion pour ceux qui souffrent. Cependant pas sur la classe moyenne dont le revenu baisse, ni même les catégories populaires qui voient leurs emplois délocalisés ou les jeunes diplômés contraints de se dévaloriser dans des jobs mal payés et souvent précaires. Non Delors ne veut pas plaindre ceux qui se plaignent. Ils veut avoir une pensée pour ceux qui souffrent en silence : les ruraux loin de tout qui travaillent à temps partiel !

A mon avis, 10 à 15% des Français ont une vie vraiment difficile et, cela vous surprendra beaucoup, une partie est dans les communes rurales. Lorsque vous vivez dans une commune rurale et que vous devez prendre votre voiture pour travailler, cela vous coûterait 200 euros par mois. Quand vous gagnez 600 à 900 euros, voyez ce que cela donne...Ce sont ceux-là qu'on oublie.

Il est vrai qu'il est beaucoup plus commode de choisir soi même ses opprimés et ses pauvres. Bien sûr, pas ceux qui sont directement victimes du système que l'on a mis en place – celui-ci est juste et ne peut avoir que des conséquences justes – mais plutôt ceux qui sont victimes de la fatalité, de leur mode de vie ou de la société elle même.

Voilà la quintessence de la pensée de gauche! Une soumission zélée aux dogmes imposés par les classes dominantes et ne profitant qu'à elles seules conjuguée à une compassion stérile à l'endroit d'hyperminorités de toute sorte.

Voilà pourquoi la gauche d'aujourd'hui doit impérativement exercer son « devoir d'inventaire » et rompre enfin, définitivement et clairement avec la pensée et l'héritage de ses ainés, fussent-ils glorieux et adulés pendant trop longtemps.

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