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La Social-Démocratie dans le 06,

28 janvier 2009

Le 29 janvier, en grève ou en RTT, mais tous dans la rue !

Propositions et revendications des organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA -

La crise économique amplifiée par la crise financière internationale touche durement une grande partie des salariés dans leurs emplois et leurs revenus. Alors qu’ils n’en sont en rien responsables, les salariés, demandeurs d’emploi et retraités, sont les premières victimes de cette crise. Elle menace l’avenir des jeunes, met à mal la cohésion sociale et les solidarités ; elle accroît les inégalités et les risques de précarité.

Les seules lois du marché ne peuvent régler tous les problèmes.

Face à cette situation et considérant qu’il est de leur responsabilité d’agir en commun, en particulier lors de la journée du 29 janvier, pour obtenir des mesures favorables aux salariés, les organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA ont décidé d’interpeller les entreprises, le patronat et l’Etat.

Surmonter la crise implique des mesures urgentes en faveur de l’emploi, des rémunérations et des politiques publiques intégrées dans une politique de relance économique.

1 – Donner la priorité au maintien des emplois dans un contexte de crise économique

De nombreuses entreprises mettent la pression sur les sous-traitants et fournisseurs faisant supporter à leurs salariés blocages de rémunérations et pertes d’emplois. Par ailleurs, des salariés sont contraints à des durées du travail élevées, tandis que les salariés temporaires, en intérim ou en CDD, sont les premiers à faire les frais des baisses d’activité. Des entreprises utilisent la crise pour opérer des restructurations tout en maintenant la rémunération de leurs actionnaires. C’est intolérable et inadmissible.

Les entreprises confrontées aux baisses d’activité utilisent des mesures de sauvegarde d’emplois comme le chômage partiel, les jours de RTT ou de congés… Toutes ces mesures doivent être négociées dans l’objectif de préserver l’emploi et les salaires. Les aides publiques doivent aussi y être conditionnées. Les entreprises doivent améliorer l’indemnisation du chômage partiel et tous les salariés doivent pouvoir en bénéficier. Ces périodes de baisse d’activité doivent être utilisées pour développer la formation professionnelle et renforcer les compétences des salariés.

Dans toutes les entreprises, quelle que soit leur situation, c’est notamment en investissant dans la formation et le travail qualifiant et en réduisant la précarité que la performance sera assurée.

Dans la fonction et les entreprises publiques, il est indispensable de répondre aux besoins de notre société et de la population et de leur attribuer les moyens nécessaires. Dès 2009, le gouvernement doit renoncer aux 30.000 suppressions de postes. Il faut abandonner une politique aveugle de suppression d’emplois et penser autrement l’évolution des services publics dont la qualité et l’emploi constituent une question centrale.

La situation des salariés précaires du public appelle des mesures de justice sociale.

2 – Politiques salariales : améliorer le pouvoir d’achat, réduire les inégalités

Les exigences des actionnaires ont conduit, dans beaucoup d’entreprises, à l’accroissement des inégalités. Elles se sont aussi traduites par une redistribution des richesses privilégiant le versement de dividendes au détriment des salaires et de l’investissement.

Dans les branches, les entreprises, les fonctions publiques, les négociations salariales doivent assurer au moins un maintien du pouvoir d’achat et une réduction des inégalités.

Les allégements de cotisations sociales doivent être conditionnés à la conclusion d’accords salariaux

3- Orienter la relance économique vers l’emploi et le pouvoir d’achat.

Il est de la responsabilité de l’Etat et de l’Union Européenne de décider de politiques d’interventions publiques coordonnée favorisant une relance économique. Celles-ci doivent viser à la fois :

  • Une relance par la consommation en améliorant le pouvoir d’achat, en priorité des revenus les plus modestes parmi lesquels de nombreux salariés, demandeurs d’emploi, retraités et bénéficiaires de minima sociaux.
  • Une politique de développement de logement social à la hauteur de l’urgence, un encadrement des loyers et un accès au crédit dans des conditions excluant les taux usuraires.
  • Une protection sociale (santé, retraite…) dans un cadre collectif et solidaire

Des investissements ciblés, en particulier en matière d’infrastructures, d’équipements publics et de services publics, en favorisant la recherche, le développement, l’éducation et la formation.

Les investissements publics et privés doivent notamment être orientés en faveur d’une économie du développement durable mettant en œuvre les principes adoptés au Grenelle de l’Environnement.

Toute aide accordée à une entreprise doit être ciblée et faire l’objet de contreparties. Elle doit être conditionnée à des exigences sociales, en particulier en matière d’emploi. Elle doit faire l’objet d’une information et d’un avis préalable des élus représentant les salariés. Dans le cas spécifique du secteur bancaire, l’utilisation des aides publiques doit donner lieu à un contrôle direct par l’Etat.

4 – Préserver et améliorer les garanties collectives

Les conditions de vie et de travail pour les salariés des secteurs privé et public, passent par l’amélioration du cadre collectif. C’est pourquoi il faut :

  • abroger les dispositifs légaux qui ont conduit à remettre en cause la réduction du temps de travail
  • retirer la proposition de loi sur le travail du dimanche.
  • respecter le dialogue social sur tous les projets et propositions de loi qui touchent à la réglementation du travail.
  • face à la révision générale des politiques publiques (RGPP), mettre en oeuvre des réformes porteuses de progrès social

5 – Réglementer la sphère financière internationale

Cette réglementation doit mettre un terme à la spéculation, aux paradis fiscaux, à l’opacité du système financier international et encadrer les mouvements de capitaux. L’Union européenne doit être au premier plan pour l’exiger.

Il faut aussi imposer le respect des droits fondamentaux et sociaux et des normes internationales de l’OIT dans tous les échanges internationaux. L’aide publique au développement doit être maintenue et améliorée. C’est ce que demande le mouvement syndical international.

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22 janvier 2009

"Agir vraiment contre la crise" : les socialistes dévoilent leur plan de relance

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Le Parti socialiste a présenté, mercredi 21 janvier, son propre plan de relance. Des propositions destinées à améliorer immédiatement le pouvoir d'achat des Français, protéger les salariés et relancer une véritable politique industrielle tout en répondant au défi écologique.

Télécharger l'intégralité du plan de relance (format pdf)

Lire un résumé du plan de relance proposé par le PS

6 janvier 2009

Rocard:"Il va falloir défendre tout ce qui produit contre tout ce qui spécule. C'est ça, la nouvelle lutte des classes".

Le Nouvel Observateur.- Avec les excès de la «financiarisation» de l'économie, on entend souvent dire que nous sommes à la veille d'une crise mondiale de l'ampleur de celle de 1929. Qu'en pensez-vous ?

Michel Rocard. - Nous sommes dans une situation étrange : les signes avant-coureurs d'une crise mettant en cause l'équilibre général de l'économie s'amoncellent et pourtant les «opérateurs» restent silencieux. Ils ne disent rien alors que pour la première fois, depuis deux cents ans, le capitalisme est combattu non par ses vaincus, ses pauvres ou par les intellectuels, porte-parole des vaincus, comme Marx ou Engels, mais par des économistes objectifs. Aujourd'hui, la critique vient du coeur du système. L'avant-dernier livre de Patrick Artus, un des économistes français les plus respectés, était intitulé : «Le capitalisme est en train de s'autodétruire». Son dernier livre porte un titre prémonitoire : «les Incendiaires». Les «incendiaires» en question sont les banquiers centraux. Il doit vraiment y avoir quelque chose de pourri dans notre système pour que Joseph Stiglitz, prix Nobel américain d'économie, ose, lui, titrer son dernier un ouvrage «Quand le capitalisme perd la tête».

N. O. - Qu'est-ce qui vous rend si pessimiste ?

M. Rocard. - Pour illustrer mes propos, je partirai de l'évolution de la dette des Etats-Unis (dette des ménages, des entreprises et de l'Etat) sur une longue période. On voit clairement son envolée depuis 1982 (présidence Reagan) jusqu'à 2005 (présidence George Bush), en dépit d'une certaine stabilisation sous Clinton. Lors de la crise de 1929, l'endettement américain - environ 130% du produit national - était déjà «au coeur du système». Aujourd'hui il atteint plus de 230% ! Pour éviter la faillite, le système financier américain doit emprunter 2 milliards de dollars par jour ! Voilà ma première inquiétude. Vous me direz - et c'est la deuxième bizarrerie de notre situation - que le système financier s'est «atomisé» : si les grandes banques mondiales par qui le scandale arrive sont quatre fois plus grosses qu'en 1929, elles opèrent dans un marché 50 à 100 fois plus gros puisque les transactions quotidiennes se comptent en dizaines de milliards de dollars. Cette dilution, cette atomisation a amorti les crises qui ont réapparu depuis 1990.Il faut rappeler que de 1945 à 1980 le monde n'a connu que des faillites nationales, pas de crises mondiales. C'était un des grands succès du capitalisme régulé. Le problème - et revoilà mes inquiétudes -, c'est que depuis 1980 la sphère financière a pris une importance colossale. Du coup, nous sommes confrontés à des crises financières de grande ampleur récurrentes : crises latino-américaines dans les années 1980 qui ont affecté tout le continent américain; crise asiatique dans les années 1990 qui a fait des dégâts énormes même si elle est restée circonscrite à une douzaine de pays, crise du système monétaire européen en 1992, éclatement de la bulle de l'e-économie en 2000. Les centaines de milliards de dollars carbonisés par l'effondrement des valeurs boursières à l'occasion de cette dernière secousse sont comparables aux pertes enregistrées lors de la crise de 1929. Les chocs sont moins instantanés, moins brutaux, moins impressionnants peut-être aussi, mais ils sont quand même terrifiants, même si l'atomisation des marchés les a rendus moins soudainement brutaux.
Regardons maintenant les choses de plus près en commençant par la dette. La dette américaine hors banques vient d'atteindre 39 000 milliards de dollars. Il est évident qu'elle ne sera jamais remboursée. Nous sommes dans une logique qui ne laisse espérer aucun retournement de tendance. Le problème est donc celui de la «soutenabilité» de cette dette grossie chaque jour de ses intérêts composés. Jusqu'ici, des taux d'intérêt historiquement bas permettaient d'emprunter et de l'honorer. Avec la hausse du prix du pétrole qui hésite cette semaine à passer la barre des 100 dollars le baril et l'envolée des prix des produits agricoles, dopés par l'augmentation de la demande alimentaire de l'Inde et de la Chine, cette possibilité est en train de disparaître. Je m'explique : pour contrer le retour de l'inflation, les banques centrales sont obligées de relever leur taux d'intérêt. C'est le devoir de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, et certaines institutions comme la Banque d'Angleterre n'hésitent pas à augmenter franchement leur prix de l'argent. L'atomisation du marché nous a jusqu'ici préservés d'une crise générale, mais les miracles n'ont qu'un temps.

N. O. - Comment en est-on arrivé à cette dette colossale alors qu'il y a tant d'argent disponible ?

M. Rocard. - Ce passage d'un équilibre à un déséquilibre massif, généralisé, tient au changement de la répartition du produit national brut, entre les «salaires» (salaires et revenus de protection versés par la Sécurité sociale) et les «profits» (bénéfices industriels, honoraires des professions libérales, rémunérations «directes» sur le marché). Ce mouvement est très sensible en France mais on l'observe aussi aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays européens, y compris les pays de l'Est rejoints à toute allure par le capitalisme. En gros, les salaires sont passés de 71% du PIB en 1981 à 60% en 2005. Près de 11 points de chute ! Aujourd'hui, en France, si le produit intérieur brut avait conservé le même partage qu'en 1981, les ménages auraient dépensé en salaires et revenus de Sécurité sociale 130 milliards d'euros de plus. Affectés à la consommation, ces 130 milliards auraient donné au moins 1 point de plus de croissance chaque année. Et nous aurions eu en France un demi-million de chômeurs de moins.

N. O. - Que s'est-il passé ? Comment s'explique ce nouveau «partage» entre salaires et profits ?

M. Rocard. - Pour comprendre la perversité de ce nouveau partage qui ne permet plus à la consommation de soutenir la croissance et, à terme, de créer les moyens de rembourser la dette, il faut se rappeler comment a fonctionné le capitalisme triomphant de 1945 à 1975. Pendant trente ans, l'économie occidentale a progressé au rythme de 5% l'an, sans jamais de crises financières et avec un chômage quasi nul (2% de la population active, c'est à peu près le chômage frictionnel dû à la mobilité professionnelle) . Les raisons de cette embellie ? Précisément les mauvais souvenirs de la grande crise de 1929, de son cortège de malheurs avec la prolétarisation des classes moyennes et finalement la guerre. Pour que pareille catastrophe ne se reproduise pas, le monde occidental avait mis en place trois types de correction dont chacune a pour père une personnalité exceptionnelle : lord Beveridge, lord Maynard Keynes et Henry Ford. Beveridge, c'est l'Anglais inventeur de la Sécurité sociale, qui a théorisé le fait qu'en faisant beaucoup de protection sociale non seulement on humanisait le système, mais on le stabilisait en empêchant la demande - maintenue au moins au tiers du pouvoir d'achat - de tomber. Deuxième régulateur, Keynes. Message aux dirigeants politiques : au lieu d'utiliser la politique monétaire et budgétaire comme des instruments de régulation nationale, utilisez-la pour accélérer ou décélérer les secousses venant de l'extérieur, du marché mondial, là où les pays démocratiques s'affrontent. Cela a marché. Nous en avons eu la preuve expérimentale pendant trente ans. Le troisième régulateur, Henry Ford, est américain. Cet industriel disait : «Je paie mes ouvriers pour qu'ils m'achètent mes voitures.» Avec le New Deal, les grands travaux de Roosevelt, cette politique de hauts salaires et de fidélisation des salariés qualifiés a permis à l'économie américaine de repartir très vite après la crise de 1929. La France a utilisé le Plan, ce forum entre syndicats, patrons et Etat, réunis pour préserver un haut niveau de demande (donc de salaires) afin de permettre des anticipations de consommation forte.
Bref, nous nous sommes tous peu ou prou lancés dans des politiques de reconnaissance du monde salarial et de légitimation d'une politique de hautes rémunérations parce que, concernant la moitié basse de la population, ces dernières sont presque entièrement affectées à la consommation. Et fondent la croissance. Résultat : une croissance soutenue, mais avec un grand absent, l'actionnaire - une des composantes du «profit», selon la comptabilité nationale. Il a été le grand oublié en termes de distribution de dividendes pendant toute cette période.
Tout a changé dans les années 1990 avec l'apparition des fonds et d'abord des fonds de pension. L'actionnaire s'est organisé et, s'agissant de sa retraite, a exigé un retour sur investissement de plus en plus élevé. Corollaire : une pression de plus en plus forte sur les salaires qui ont cessé de progresser au rythme d'antan avant de décroître en valeur absolue. Les fonds d'investissement - moins du quart des fonds de pension mais plus agressifs - ont intensifié la tendance. Et les fonds d'arbitrage ou hedge funds jouent le même jeu. Pour garantir aux actionnaires une rémunération élevée, tous n'hésitent pas à démanteler leur proie et à vendre par appartements. Au grand dam des salariés réduits à la dimension de variable d'ajustement. Le nouveau système - tout pour les actionnaires, le moins possible pour les salariés - est devenu presque caricatural avec les hedge funds, ces fonds spéculatifs. L'ensemble de ces fonds sont présents désormais dans toutes les entreprises du monde occidental de plus de 2 000 salariés. Leur pression s'est d'abord exercée sur les PDG qui ne distribuaient pas assez de dividendes : ils ont très vite valsé. Elle s'est traduite ensuite par l'externalisation des toutes les fonctions - entretien, maintenance, services sociaux internes -, dont les salariés étaient indexés sur les personnels qualifiés qui faisaient le renom de l'entreprise. Tous ces gens-là ont été chassés et recasés dans des PME désyndicalisées, soumises à des contraintes salariales énormes parce que les fabricants, les donneurs d'ordre, peuvent changer de sous-traitants sans préavis. C'est comme ça que s'est instituée la précarisation du marché du travail (16% des salariés français aujourd'hui) avec, comme conséquence de cette réduction «contrainte» des heures travaillées, un gel ou un recul des salaires, l'apparition de working poors et de vrais pauvres sans travail. Avec une pauvreté de masse évaluée à 10 millions de personnes en Grande-Bretagne et entre 5 et 6 millions en France, la part des salaires dans le PIB a évidemment reculé par rapport au «profit» réinvesti de manière spéculative. D'où, faute d'une demande suffisante, une croissance anémiée, incapable de contenir l'hémorragie des déficits et une dette de plus en plus difficile à rembourser.

N. O. - Recherche d'une plus-value instantanée, spéculation effrénée et, comme l'indique la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis, «titrisation» des créances et création de produits de plus en plus sophistiqués plongeant les marchés dans l'opacité : tous les ingrédients d'une crise d'ampleur sont réunis. Mais la donne aussi a changé : il y a la croissance générée par les pays émergents qui relaie la locomotive américaine défaillante. Il y a aussi l'abondance de liquidités : pétrodollars et excédents structurels chinois ou japonais.

M. Rocard. - Par rapport à l'économie physique réelle, ces liquidités sont en effet sans précédent. Mais elles ne s'orientent pas vers l'investissement long. Elles préfèrent les investissements financiers spéculatifs. Tous les banquiers vous le diront, malgré leur affinement, les politiques économiques ne peuvent rien sur l'usage et l'évolution de ces liquidités. Ce dysfonctionnement, culturel dans sa nature, structurel dans son résultat, est terrible. Personne ne sait comment ça peut finir, et j'ai la conviction que ça va bientôt exploser. J'en tire deux conclusions. La première, c'est qu'il faut des réponses mondiales, en réformant les institutions créées il y a plus d'un demi-siècle à Bretton-Woods. Nouveau directeur du Fonds monétaire international, notre ami Strauss-Kahn est aux commandes d'un «machin» qui n'est pas opérationnel car il n'a pas les moyens de contrer ces nouvelles crises. Mais il a l'information : c'est l'endroit central pour émettre un diagnostic et faire des propositions. Ma deuxième conclusion : si en France le PS était capable de comprendre ce qui se passe, de faire la liaison entre la situation nationale et l'international et pouvait expliquer les raisons de la montée du travail précaire chez nous, il donnerait enfin l'impression de répondre à la situation. Il y aura une prime au premier qui saura expliquer. C'est le capitalisme dans sa forme mondialisée et financiarisée non le marché dont je suis partisan - qui est en cause aujourd'hui. Faire ce type d'analyse, lui donner une réponse nous réconcilierait avec les gauchistes ! Enfin il est essentiel que de nouvelles règles aident à préparer une place commerciale intelligemment négociée à ces nouveaux partenaires énormes que sont la Chine et l'Inde.

N. O. - Que peut-on faire ?

M. Rocard. - Il y a d'abord l'attaque éthique. Au centre de cette pression sur les salaires, de cette voracité spéculative des hautes classes moyennes et des classes riches, les gens fraudent de plus en plus : délits sur les stock-options, délits d'initié... Il faut maintenir une pénalisation du droit des affaires. De la même manière, il faut plafonner les revenus des grands patrons. A l'époque de Henry Ford, ils étaient payés 40 fois le salaire moyen, aujourd'hui, c'est 350 ou 400 fois ! (On peut considérer que ce superprélèvement directorial est négligeable, il est cependant particulièrement inélégant et nocif.) Puisqu'on veut moins d'Etat, le capitalisme doit rester éthique.
Deuxième élément : réglementer les OPA au niveau européen en énonçant des critères qui empêcheront la destruction et la précarisation de la population salariale du groupe ainsi constitué. Ensuite, il faut que les accords sur le droit social passés dans le cadre de l'Organisation internationale du Travail (OIT) soient compatibles avec les règles de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui fait du libre-échange une religion. Aujourd'hui, les Etats peuvent ignorer superbement ce qu'ils ont signé d'une main à l'OIT quand ils négocient à l'OMC.
Je crois enfin à l'économie sociale. J'ai milité depuis quarante ans pour lui donner son statut, son cadre. Je crois que la clé du problème, c'est le changement du statut juridique de l'entreprise. Au lieu d'appartenir à des apporteurs extérieurs de capitaux, elle doit être faite de la communauté des hommes et des femmes qui gagnent leur vie en partageant un même projet économique.

N. O. - Retour à l'autogestion ?

M. Rocard. - Je me garderais bien d'employer les mots qui fâchent. S'agissant d'un projet mondial, je ne vois qu'une seule force capable de le mener à bien : la social-démocratie internationale. Il va falloir défendre tout ce qui produit contre tout ce qui spécule. C'est ça, la nouvelle lutte des classes.

Michel Rocard

Jean-Gabriel Fredet, François Armanet
Le Nouvel Observateur

6 janvier 2009

Larrouturou:"Le bon et le mauvais protectionnisme"

Nous sommes en 1930. La crise de 1929 vient d’éclater mais nulle part la crise sociale n’a encore débouché sur la barbarie. En 1930, le chômage augmente dans tous les pays occidentaux mais rien d’irréversible ne s’est produit. En 1930, Pierre Mendes France écrit que pour éviter le chaos “une course de vitesse est engagée” et pour gagner cette “course de vitesse“, Mendès affirme qu’il faut créer très vite une monnaie unique européenne avec une gestion clairement politique et que tous les bénéfices de cette politique doivent être utilisés pour un projet social. L’idée est lumineuse ! Hélas, Mendès France n’est pas écouté. Et Trois ans plus tard, après l’arrivée de Hitler, plus personne ne proposera un sursaut européen… En 1930, il était encore possible d’agir. Trois ans plus tard, il était trop tard.
Nous sommes en 2008. Comme en 1930, la bulle a éclaté. Le miracle libéral tourne au cauchemar… Après 30 ans de crise sociale, dans tous nos pays ce qui va aux salaires est trop faible pour maintenir la consommation. Et Plutôt que d’augmenter les salaires, on a poussé les ménages à s’endetter. A s’endetter toujours plus. Jusqu’à ce que la bulle éclate.
Rien d’irréversible ne s’est encore produit mais nul ne peut nier la gravité de la crise. Et nul ne peut garantir que ce qui s’est passé en Allemagne dans les années 30 ne se passera pas en Chine dans les années qui viennent avec Taïwan dans le rôle de l’Alsace Lorraine. Comme en 1930, une course de vitesse est engagée. Nous autres socialistes européens, nous avons une responsabilité historique.
Voilà pourquoi nous voulons provoquer un sursaut européen et nous voulons que l’Europe agisse vite et fort pour changer les règles du commerce mondial. Et pour cela nous avançons des propositions concrètes. Elles ont été souvent caricaturées comme protectionnistes. Comme si le protectionnisme était forcément une abomination.

Le protectionnisme c’est comme le cholestérol. Il y a le bon et le mauvais. Le mauvais protectionnisme, ce serait de dire : dès aujourd’hui, sans avertissement, l’Europe met des taxes à ses frontières. Immédiatement, on arrête d’acheter les produits qui viennent de Chine. Alors que la croissance est déjà en train de s’effondrer en Chine et que les tensions sociales sont de plus en plus graves, une telle politique serait totalement irresponsable.Par contre, rien ne nous empêche d’agir pour obliger la Chine à respecter les conventions sociales qu’elle a signées avant d’adhérer à l’OMC. La Chine a signé 22 Conventions sociales au B.I.T. Plus que les Etats-Unis ! Officiellement, personne en Chine ne devrait travailler plus de 8 heures par jour. Officiellement, Tous les salariés devraient avoir un salaire et un logement décent… La Chine a signé 22 Conventions sociales mais elle n’en respecte quasiment aucune ! Voilà pourquoi tant d’entreprises délocalisent vers la Chine. Si nous ne réagissons pas, une grande partie de notre industrie va disparaître. Il faut obliger la Chine à respecter ses engagements.

Ce que nous demandons, ce n’est pas que l’Europe ferme ses frontières, c’est qu’elle ouvre les yeux et sorte de sa naïveté. Aujourd’hui, l’Europe est le premier client de la Chine. Quand on est le premier client, on a un vrai pouvoir de négociation : L’Europe doit fixer un calendrier contraignant pour obliger la Chine à respecter les conventions sociales qu’elle a signées.
Voilà le discours à tenir au Président chinois : Monsieur Hu Jintao, nous savons quelles difficultés vous affrontez. Nous ne ferons rien pour les aggraver. Mais, dans 3 ans, si vous ne respectez pas vos engagements, dans 3 ans, si vous n’avez pas fait des progrès considérables en matière sociale et écologique, nous taxerons tous vos produits.

Si l’Europe tenait ce discours, les délocalisations chuteraient immédiatement : plus aucun industriel ne prendrait le risque de délocaliser vers la Chine. D’ici 3 ans, soit les salaires ont augmenté, soit les produits seront taxés. Dans les deux cas, l’Europe a sauvé son industrie.

Si l’on sort des caricatures, si l’on débat vraiment de nos propositions, qui peut s’y opposer ? Après tout, ce que nous proposons, c’est simplement de généraliser ce qui a existé pendant 40 ans en Europe : des montants compensatoires. Pendant 40 ans, l’Europe a fonctionné avec un système de montants compensatoires entre l’Italie, la France, le Bénélux et l’Allemagne. Ce système a permis aux 6 pays fondateurs de l’Europe de converger lentement mais sans douleur vers un marché unique et une monnaie unique. C‘est tout simplement ce système que nous voulons que l’Europe mette en place dans ses relations commerciales avec la Chine.

Pierre Larrouturou

Congrès de Reims du Parti Socialiste, novembre 2008

5 janvier 2009

Voilà pourquoi la gauche d'aujourd'hui doit impérativement exercer son « devoir d'inventaire »

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Jacques Delors a donné une longue interview la semaine dernière à la tribune pour les dix ans de l'Euro.

Interrogé sur la baisse du niveau de niveau de vie dans les pays développés, Jacques Delors commence par une analyse factuelle désormais assez communément acceptée.

Deux facteurs ont joué. Le premier: la mondialisation exerce une pression sur les revenus et le niveau de vie des pays riches. Pour réagir contre cela, le crédit a été développé - la consommation, l'endettement-, c'est la voie choisie notamment par les Etats-Unis.

Il en développe ensuite un second lié aux dynamiques générationnelles, mais pour refaire aussitôt du premier l'élément explicatif principal.

La mondialisation a pesé sur tout cela. Il ne faut pas chercher d'autre facteur. Si vous regardez la hiérarchie des revenus, vous constaterez que dans la tranche (le décile) la plus élevée, seule une partie a vu ses revenus croître très nettement.

Jacques Delors pose donc deux données importantes : La baisse du niveau de vie et une croissance qui ne bénéficie qu'à une toute petite fraction de la société. Et il impute sans ambiguïté ces deux phénomènes à la mondialisation. Face à un constat aussi implacable, on s'attend donc à ce qu'il enchaîne ensuite sur une remise en cause en forme de méa culpa collectif, de ce système pour reconnaître qu’il n’a finalement n'a pas créé les richesses que l'on attendait ou qui a entraîné des effets pervers auxquels on ne pensait pas, qu'il aurait peut-être fallu stimuler la hausse des salaires, endiguer la concurrence mondiale ou avoir une autre politique monétaire ...

Que neni !! Jacques Delors assume tout avec cet extraordinaire aveu :

« Cela dit, je ne veux pas rentrer dans un fleuve de pleurs comme certains. Il faut bien voir qu'il y a un marché mondial et que ceux qui veulent avoir leur place au soleil poussent, donc les classes moyennes souffrent de cela »

Donc, peu importe si l'immense majorité de la population souffre de la mondialisation, si les inégalités explosent et que finalement la mondialisation a conduit à la crise actuelle en favorisant une explosion du crédit destinée à compenser un écrasement des salaires. Ce qui compte surtout, c'est que l'infime minorité des « élus », ceux qui sont compétitifs dans un marché mondial puissent exprimer tout leur talent!

Mais Jacques Delors se souvient alors qu'il était de gauche, chrétien de surcroît. Il lui appartient donc de s'apitoyer et exprimer un peu de compassion pour ceux qui souffrent. Cependant pas sur la classe moyenne dont le revenu baisse, ni même les catégories populaires qui voient leurs emplois délocalisés ou les jeunes diplômés contraints de se dévaloriser dans des jobs mal payés et souvent précaires. Non Delors ne veut pas plaindre ceux qui se plaignent. Ils veut avoir une pensée pour ceux qui souffrent en silence : les ruraux loin de tout qui travaillent à temps partiel !

A mon avis, 10 à 15% des Français ont une vie vraiment difficile et, cela vous surprendra beaucoup, une partie est dans les communes rurales. Lorsque vous vivez dans une commune rurale et que vous devez prendre votre voiture pour travailler, cela vous coûterait 200 euros par mois. Quand vous gagnez 600 à 900 euros, voyez ce que cela donne...Ce sont ceux-là qu'on oublie.

Il est vrai qu'il est beaucoup plus commode de choisir soi même ses opprimés et ses pauvres. Bien sûr, pas ceux qui sont directement victimes du système que l'on a mis en place – celui-ci est juste et ne peut avoir que des conséquences justes – mais plutôt ceux qui sont victimes de la fatalité, de leur mode de vie ou de la société elle même.

Voilà la quintessence de la pensée de gauche! Une soumission zélée aux dogmes imposés par les classes dominantes et ne profitant qu'à elles seules conjuguée à une compassion stérile à l'endroit d'hyperminorités de toute sorte.

Voilà pourquoi la gauche d'aujourd'hui doit impérativement exercer son « devoir d'inventaire » et rompre enfin, définitivement et clairement avec la pensée et l'héritage de ses ainés, fussent-ils glorieux et adulés pendant trop longtemps.

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31 décembre 2008

Voeux de Martine Aubry aux Français :"Nous ferons des propositions pour préparer l'avenir avec plus d'espoir"

Les voeux de Martine Aubry pour l'année 2009
Vidéo envoyée par PartiSocialiste

Martine Aubry présente ses voeux pour l'année 2009 : "En 2009, alors que notre pays va mal, les socialistes seront auprès de vous pour vous accompagner, mais aussi pour proposer des solutions. Notre pays a beaucoup d'atouts, les Français sont énergiques, créatifs, ils ont envie d'une société plus juste et plus efficace. Nous ferons des propositions pour préparer l'avenir avec plus d'espoir".

7 décembre 2008

Conseil national : Une nouvelle direction pour le PS

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Réuni à Paris, le Conseil national du PS s'est doté, le 6 décembre, d'une nouvelle direction, composée de 38 secrétaires nationaux autour de la Première secrétaire, Martine Aubry. La feuille de route du parti pour les trois années à venir, baptisée "texte d'orientation politique", a été adoptée par 146 voix (72 abstentions).

Pascale Gérard,Conseillère Régionale Provence Alpes Côte d'Azur
déléguée à la Formation professionnelle et continue,

Présidente du groupe "Socialiste-Les Verts"
du Conseil Municipal de Menton,
Mandataire 06 de la motion A "Clarté, Courage, Créativité"

devient  Secrétaire Nationale à la "Formation professionnelle et sécurité sociale professionnelle", Membre du Conseil National et du Bureau National du PS.

"Je souhaite que, dès lundi, pas un socialiste ne manque aux Français" a annoncé à la tribune Martine Aubry rappelant que Nicolas Sarkozy "ne propose pas une vision et un projet à notre société" mais "impose la loi du plus fort, le règne de l'argent et l'individualisme".

Vidéo : regarder l'intervention de Martine Aubry

Télécharger la composition du secrétariat national

Consulter la composition du bureau national

5 décembre 2008

Martine Aubry présente son texte d'orientations politiques 2008-2011 et Royal bascule dans l'opposition interne

Le texte d'orientation est ICI

Ségolène Royal a basculé vendredi dans l'opposition interne au Parti socialiste, rejetant la ligne politique proposée par Martine Aubry et refusant d'entrer dans sa direction qui doit être dévoilée samedi.

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Et Peillon a perdu son sourire....

30 novembre 2008

Les militants 06 de la Motion A sont disponibles !

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Agir ensemble en Socialistes pour les Alpes Maritimes

Les militants de la Motion A sont disponibles

LETTRE OUVERTE A PATRICK ALLEMAND

1er Secrétaire Fédéral

Nous soussignés, mandataire départementale de la motion A, membres du Conseil fédéral, de la commission des conflits, de la commission de contrôle des comptes, secrétaires de section au titre de la motion A des Alpes-Maritimes déclarons, à l’issue du difficile Congrès de Reims pour l’unité du Parti, être disponibles pour travailler, avec toutes les autres motions et avec le premier secrétaire fédéral issu de la motion E, Patrick ALLEMAND, au renforcement de l’audience et de la capacité d’action de notre Parti dans les Alpes-Maritimes.

Nonobstant les termes et la configuration de l’accord national de gouvernance du Parti et des conditions de son application sur lesquelles notre maîtrise reste limitée, nous pensons qu’il est nécessaire de nous rassembler autour de quelques objectifs et méthodes de fonctionnement partagés et transparents afin de renforcer la capacité et la productivité du travail collectif et personnel des militants.

Voila quelques objectifs, parmi d’autres, autour desquels nous pouvons travailler ensemble au sein d’un secrétariat fédéral, animé par le premier fédéral, agissant collectivement sur les orientations arrêtées par le bureau fédéral :

·       Développer notre capacité de réflexion politique collective par la diffusion de l’information, le débat et la délibération au sein de toutes nos instances élues à tous les échelons,

·       Renforcer notre capacité d’action militante sur le terrain, développer les liens entre l’action des élus dans les assemblées et l’action militante,

·       Ouvrir notre parti à de nouveaux militants désireux de s’investir dans l’action,

·       Poursuivre les efforts de formation interne des militants,

·       Organiser une convention fédérale par an sur des thèmes liés aux échéances électorales pour faire le lien entre l’action militante et la réflexion et élaborer des propositions ou livres blancs départementaux.

Naturellement, après les vifs débats du Congrès de Reims, nous sommes à l’écoute, dans un esprit positif, des propositions de cadre d’action que pourra faire le premier Secrétaire fédéral afin de rassembler l’ensemble des forces militantes de notre Fédération pour affronter les prochaines échéances électorales locales et nationales dans les meilleures conditions dans l’intérêt de nos électeurs.

26 novembre 2008

Aubry à la droite: "Riez encore quelques jours car la semaine prochaine, le PS sera uni, dans les rues, avec des propositions.

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Pour son premier discours comme première des militants, la maire de Lille a fixé une feuille de route collective : rassemblement et renouvellement profond, dans une ligne politique clairement ancrée à gauche.

Voici l'intégralité de son discours.

Chers camarades, mon premier mot est : merci.

Le second va immédiatement à Ségolène pour lui dire : ensemble, on va gagner pour les Français. J’en suis convaincue.

C’est bien sûr avec beaucoup d’émotion et de gravité que je reçois la responsabilité que vous me confiez aujourd’hui. Je pense d’abord aux femmes. Aux femmes qui se sont battues avant nous pour qu’existe une parité en politique : après que Ségolène a été la première femme en France portée jusqu’au second tour de l’élection présidentielle, je suis fière, au nom de toutes celles qui se sont battues, d’être la première femme Première secrétaire du Parti socialiste.

C’est une responsabilité lourde, et je ne peux l’accepter que parce que vous êtes là, vous les quelque 200 000 militants du Parti socialiste.

Cette responsabilité de Premier secrétaire a été tenue par des hommes exceptionnels, François Mitterrand, Pierre Mauroy - que chacun comprendra que je salue particulièrement -, Lionel Jospin, Michel Rocard, Laurent Fabius, Henri Emmanuelli aussi et bien sûr toi, François, à qui je pense tout particulièrement ce soir.

Je voudrais d’abord m’adresser aux militants. Aux militants parce que, dans ce congrès, jour après jour, soir après soir, j’en ai rencontré beaucoup. Tous ont défendu ce qu’ils croient profondément. Ils l’ont fait par fidélité aux valeurs du socialisme et parce qu’ils avaient la conviction que leurs réformes étaient les bonnes pour notre Parti et pour les Français.
Je crois que nos débats et nos échanges ont été à la hauteur de ce qu’est notre Parti :  un immense parti démocratique.
Alors, on peut rire, on peut se moquer de nos débats, de nos discussions, mais j’ai envie de dire à la droite : riez encore quelques jours car dès la semaine prochaine, le Parti socialiste est de retour dans les rues, avec des propositions. Et uni !

Je voudrais dire à tous les militants : bravo pour ce travail. Je voudrais dire à Ségolène et à ses amis - dont je comprends aujourd’hui la déception tout à fait naturelle - que tous, nous avons tous défendu ce que nous croyons juste.
Je crois que si nous voulons changer ce parti, il faut d’abord accepter que nous puissions penser différemment, en nous respectant et j’irai même plus loin, penser différemment en nous faisant confiance. En s’accordant mutuellement le crédit qu’en chacun d’entre nous, réside un seul souci, servir les Français et pour servir les Français : servir le Parti socialiste.
Si nous arrivons dans les jours, dans les mois qui viennent, à donner des signes concrets de cette unité du Parti et de l’ensemble des militants, le congrès de Reims restera comme un congrès utile. Il aura permis à notre parti de changer profondément à un moment où le monde a changé et où les militants nous l’ont demandé, comme ils nous ont demandé de nous renouveler.
Voilà l’état d’esprit qui est le mien.

Les conditions dans lesquelles le vote a eu lieu et les résultats extrêmement serrés qui en découlent ne me donnent que des devoirs. Le premier est, si elle l’accepte, de rencontrer Ségolène. J’ai entendu, comme elle, ce que nous ont dit les militants à Reims et derrière les militants ce que nous ont dit les Français : « Nous voulons retrouver la politique et la gauche, nous voulons un Parti socialiste qui nous défende alors que nous n’avons même plus le courage de nous battre. Trop souvent nous avons l’impression que nos voix ne sont plus entendues par les pouvoirs en place. » Oui, nous allons revenir avec les valeurs qui sont les nôtres, mais aussi avec les réponses d’aujourd’hui, ce qui nécessite beaucoup de travail.

Les militants nous ont dit aussi : « Il faut renouveler profondément le Parti socialiste, ses pratiques, son fonctionnement. » (…)

Notre prochain Conseil national aura lieu le samedi 6 décembre. Une orientation politique et une majorité ont été dessinées lors du congrès. Cette ligne politique, ancrée à gauche, nous impose d’être sur tous les terrains pour défendre les Français ; ceux qui sont inquiets devant les licenciements à venir, pour défendre les Français qui perdent en pouvoir d’achat, pour défendre les services publics qui sont le patrimoine de ceux qui n’en ont pas, pour être capable dès le week-end prochain d’être auprès de nos camarades des partis socialistes et sociaux-démocrates européens pour changer l’Europe,
Il devra y avoir dans les équipes que nous allons constituer des changements profonds. Il faut renverser la table : bien sûr de nouveaux visages, des hommes et des femmes de tous les territoires et de toutes les cultures aux couleurs de la France, une parité absolue dans toutes nos instances ; mais il nous faut aussi changer nos attitudes, nos comportements. Il faut nous rouvrir sur la société, accueillir, écouter des hommes et des femmes qui ont envie de construire un projet de gauche face à cette loi du plus fort que nous impose le libéralisme, face à cette puissance du financier par rapport à l’économie, face à ces inégalités qui s’accroissent dans notre pays et dans le monde.

Il faut faire appel à eux, il faut leur dire :  « Le Parti socialiste est à nouveau ouvert pour travailler avec vous ».

Mon devoir, dans les heures qui viennent, est de faire en sorte que, sur un cap choisi par les militants au congrès, nous soyons capables d’être unis dans un mode de fonctionnement que je vous proposerai, où les élus trouveront toute leur place. Car rien n’est plus étonnant aujourd’hui de voir combien les Français nous font confiance, là où nous sommes, et parfois même nous plébiscitent dans nos villes, dans nos départements et dans nos régions et de constater que nous n’utilisons pas cette force extraordinaire des élus et des militants pour construire le projet de demain. Là aussi, il faudra que cela change.

Nous avons aussi des députés et des sénateurs qui s’opposent aux lois de Sarkozy et aux amendements qui arrivent nuitamment, comme encore dernièrement, pour pousser la retraite à 70 ans. Ces mauvais coups-là, nous devons les affronter ensemble, parlementaires et Parti. Il faut que nous débattions avec les présidents des deux groupes parlementaires, il faut que nous soyons unis pour combattre la droite, mais aussi pour contre-proposer car c’est aussi cela qu’attendent les Français.

Tous les jours on nous annonce un cadeau fiscal pour les plus riches, tous les jours nous apprenons un recul dans le domaine social, que ce soit à la Poste, dans l’audiovisuel, le développement du contrat à durée déterminée… Dans nos collectivités locales nous luttons souvent isolément pour amortir ces attaques de la droite, nous devrons désormais le faire ensemble au sein de notre Parti pour démultiplier nos forces.

Nous avons donc le devoir d’être ensemble. La situation l’exige et nous avons le devoir de nous mettre au travail pour être, dans deux ans, capables de fournir le projet qui permettra à celui ou à celle qui alors sera choisi, de représenter nos couleurs.

Je veux le dire simplement, je veux une équipe unie où toutes les sensibilités se sentent bien. L’équipe unie ne veut pas dire que l’on oublie ses fidélités, je ne demande à personne d’abdiquer ce qu’il est, ce à quoi il croit, la personne à laquelle il est attaché. C’est cela aussi la politique des liens d’affection, de fidélité qui se nouent. Ce que je demande à chacun c’est de dire d’abord : nous sommes tous socialistes nous voulons porter en avant notre parti pour que les Français, à nouveau, retrouvent l’espoir.

Nous avons une feuille de route collective à mettre en place dès demain : rassemblement, renouvellement profond, et travail.

Nous allons le faire, ensemble, pour incarner à nouveau l’espoir. Nous devrons nous dépenser sans compter. Je sais qu’il faudra beaucoup de courage et de ténacité mais je sais que chacun d’entre vous pense actuellement aux militants et aux Français qui, depuis quelques jours, observent ce qui se passe dans notre parti et se lamentent.
C’est en pensant à eux et en pensant à tous les militants que je dis : rassemblons-nous, unissons-nous autour d’une ligne de gauche, celle que nous avons voulue lors de notre congrès, mais aussi autour d’un profond renouvellement qui fera que le Parti socialiste, si j’osais, soit le nouveau Parti socialiste : Qu’il garde l’essentiel, les valeurs de solidarité, d’égalité et de fraternité qu’il a toujours défendues.

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