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La Social-Démocratie dans le 06,
21 octobre 2007

Retraites: La division syndicale au centre du "deal"....

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Les cheminots ont tranché.
La plupart des dépôts SNCF ont décidé samedi de mettre fin à la grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, après avoir reconduit le mouvement vendredi, à l'appel de Force Ouvrière et de SUD Rail. "Avec 5 % de grévistes samedi et des AG qui votent la reprise, la grève se termine", se félicite Guillaume Pepy, directeur général exécutif de la SNCF.

La suite va se jouer demain.

Les cinq fédérations qui avaient appelé à un arrêt de travail de 24 heures jeudi (CGT, CFTC, CFDT, CGC, Unsa) vont décider de lancer ou non une seconde grève, éventuellement reconductible.
Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT Cheminots (43 % des voix), laisse planer le suspense mais se dit ouvert au dialogue: "Le fait que le gouvernement enclenche un nouveau cycle de discussions est une avancée à mettre au crédit du mouvement."

Xavier Bertrand, ministre du Travail, doit en effet recevoir les syndicats à partir de mercredi, pour entendre leurs propositions. "Si c'est pour rester uniquement à 37,5 années de cotisations, ce serait dommage", explique-t-il au JDD.
Nicolas Sarkozy, fort du soutien de l'opinion, l'a répété cette semaine: "Cette réforme, je m'y suis engagé, nous la ferons." Le président de la République a néanmoins parlé de "main tendue".

"Il y a de vrais espaces pour donner davantage de liberté de choix sur l'âge du départ à la retraite", souligne Xavier Bertrand. Et de citer, par exemple, "la création d'un compte épargne temps, la mise en place d'un régime de retraite complémentaire, le rachat d'années d'études", mais aussi les adaptations de postes en fin de carrière.

Jouer sur les divisions syndicales

Des arguments qui ont d'ores et déjà séduit la Fédération générale autonome des agents de conduite (FGAAC). Ce syndicat, qui représente 3 % des agents mais 30% des conducteurs de train, était réputé comme un bastion de "durs".
Il a provoqué la colère de ses collègues en annonçant, au soir de la grève, s'être entendu avec la direction de la SNCF sur l'ouverture de négociations. "Nous ne sommes pas mécontents de la position de la FGAAC, car ainsi, le front syndical n'est plus unitaire, se félicite-t-on à l'Elysée. En vertu de la bonne règle selon laquelle il faut diviser pour mieux régner, c'est de bonne guerre."

En fait, les contacts entre la direction et ce syndicat ont été pris mercredi 10 octobre, peu de temps après la présentation de la réforme par le gouvernement. Les propositions écrites de la SNCF à la FGAAC ont été validées peu de temps auparavant, au ministère du Travail. Dans l'entourage de Xavier Bertrand, on se défend toutefois de tout interventionnisme: "C'est l'affaire de l'entreprise", dit-on.

Outre la Fgaac, la CFTC et l'Unsa (22 % des voix à elles deux) sont aussi ouvertes à la négociation. De son côté, la CFDT (10 % des cheminots) aimerait repousser l'échéance des 40 années de cotisations à 2014, plutôt qu'à 2012 comme prévu par la réforme.

Ainsi, jouant des divisions syndicales, le gouvernement placerait autour d'une table quatre syndicats sur huit, voire cinq avec la CGC (cadres) écartant donc la CGT, SUD Rail (14,5 % des cheminots) et Force Ouvrière (6,5 %).
Dans cette stratégie, la perspective d'un futur accord d'entreprise dissuaderait les grévistes de reprendre le mouvement. Xavier Bertrand évoque également la perspective d'augmentations de salaires. "Des négociations sur ce sujet seraient bienvenues, mais cette question ne fait pas partie de la réforme des régimes spéciaux", précise-t-il.

Une nouvelle grève possible mi-novembre

De son côté, la direction de la SNCF a déjà fait tourner ses calculatrices.
L'entreprise consacre plus de 520 millions d'euros à payer les retraites anticipées de ses agents à 50 ou 55 ans.
Si le régime est réformé, elle pourra réaffecter cette somme à d'autres mesures.
Entre 100 et 200 millions d'euros seront consacrés aux salaires des cheminots les plus âgés qui resteront en place.
Le reste, tout ou partie, constitue le "grain à moudre" des négociations.
L'Etat sera le grand gagnant de la réforme puisque, la subvention qu'il verse au régime de retraites de la SNCF (2,3 milliards d'euros) pourrait baisser à terme de 600 millions d'euros.

A la RATP, la situation est différente.
Les syndicats, davantage unis qu'à la SNCF, doivent définir leur stratégie mardi.
Le PDG, Pierre Mongin, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin pendant l'épreuve du CPE, s'est dit hier "prêt à ouvrir une discussion dans l'entreprise".

Enfin, les directions d'EDF et de GDF se préparent également à négocier, sachant que le régime des électriciens et gaziers, lui, n'est pas déficitaire. "En outre, ces entreprises gagnent de l'argent, la situation est beaucoup plus facile à gérer", confie-t-on au ministère du Travail. "Mais si les négociations reviennent à annuler dans les faits le passage à 40 années de cotisations, ce sera non", insiste Xavier Bertrand, qui a rencontré hier des agents EDF à la centrale de Porcheville (Yvelines).

Dans ces conditions, la grève peut-elle reprendre de plus belle ? "On jugera en fonction des réponses du ministère. Je pense que les fédérations auront besoin de se revoir plus tard [que lundi]", indique Arnaud Morvan, secrétaire général de la CFDT Cheminots. "La CGT ne bougera pas avant novembre", estime un autre leader syndical, dont le pronostic est partagé par de nombreux observateurs.

A l'approche des vacances de la Toussaint, qui débutent vendredi, les syndicats pourraient repousser un nouveau préavis à la mi-novembre. A cet horizon, les syndicats de fonctionnaires envisagent également d'annoncer une journée sans travail, pour protester contre l'absence d'augmentations de salaires et la suppression de 22 900 postes en 2008.
Ils se réunissent demain pour en décider.

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