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La Social-Démocratie dans le 06,
28 septembre 2007

Fin de la "Sarkomania" ?

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L'euphorie consécutive à l'élection de Nicolas Sarkozy a fait long feu et la confiance des ménages français s'est nettement dégradée cet été sur fond de crise financière, d'incertitude sur la croissance et l'emploi et d'inquiétudes sur le pouvoir d'achat.

L'indicateur résumé d'opinion des ménages a chuté de six points entre juillet et septembre pour revenir à -21 points, son plus faible niveau depuis mars, à la fin de l'ère Chirac, selon les données corrigées des variations saisonnières publiées vendredi par l'Insee.

Toutes les composantes de cet indicateur synthétique se dégradent, qu'ils s'agissent du sentiment sur la situation financière, le niveau de vie ou l'opportunité d'acheter.

Le sentiment concernant le taux de chômage à venir s'est aussi fortement détérioré.

"Tout se passe comme si les ménages avaient perçu la hausse du nombre de demandeurs d'emploi en août et le ralentissement de la croissance depuis le deuxième trimestre", relève Nicolas Bouzou, économiste du bureau d'analyse indépendant Asterès.

Le nombre de demandeurs d'emploi à plein temps et à durée indéterminée a augmenté de 0,6% en août (+11.800 personnes) pour s'établir à 1.970.600 personnes, interrompant plus de deux ans de baisse régulière du chômage. Il faut remonter à mai 2005 pour retrouver une hausse du nombre des demandeurs d'emploi (+7.500).

Le ralentissement de la croissance au deuxième trimestre a par ailleurs été confirmée vendredi par l'Insee avec une hausse du produit intérieur brut de 0,3% après +0,6% au premier trimestre (révisé en hausse de 0,1 point).

Avec ces chiffres, "il sera très difficile d'atteindre la prévision gouvernementale d'une croissance dans le bas d'une fourchette de 2,0% à 2,5%", a souligné Christian Parisot, économiste chez le courtier Aurel Leven.

Les économistes tablent en moyenne sur une croissance de 1,8% cette année.

"La lune de miel" entre les Français et le président Sarkozy "est bel et bien finie", estime Alexander Law, économiste à l'Institut Xerfi. "C'est la fin de la Sarkomania", renchérit Nicolas Bouzou.

Mais au-delà d'un "désamour politique", les économistes mettent en avant la crise financière de l'été, la hausse des prix et "le patinage" de la politique économique du gouvernement pour expliquer ce qu'Alexander Law qualifie de "perte de confiance dans l'avenir".

"La crise financière de ces dernières semaines a indubitablement assombri les esprits", explique-t-il.

L'incertitude quant à l'évolution des marchés financiers, le risque d'un accès plus difficile au crédit, la peur d'un repli marqué de l'immobilier... il y a bien là de quoi expliquer une déprime passagère", poursuit-il.

Comme d'autres, il met en avant un pouvoir d'achat qui a marqué le pas au deuxième trimestre où le salaire mensuel de base des salariés a progressé de 0,6% quand les prix à la consommation hors tabac ont augmenté de 0,9%.

Si l'on ajoute à cela la hausse des prix de l'énergie et des produits alimentaires soulignée par les effets d'annonce sur la baguette à un euro, "on comprend mieux le regain d'inquiétude".

Nicolas Bouzou met en outre en cause "le patinage de la politique économique du gouvernement" auquel se sont ajoutées les déclarations alarmistes du Premier ministre s'estimant "à la tête d'un Etat en situation de faillite" et de la ministre de l'Economie et des Finances qualifiant le budget 2008 de "plan de rigueur pour les fonctionnaires".

DES ENTREPRISES SANS MARGE DE MANOEUVRE

"Depuis le sympathique mais très limité 'paquet fiscal', le gouvernement n'a pris aucune décision économique tangible, en dehors des exceptions notables de l'extension du crédit impôt recherche et du lancement de la réforme des régimes spéciaux de retraite", estime Nicolas Bouzou.

"Concernant le relèvement du potentiel de croissance à long terme, et donc la capacité de l'économie française à verser des salaires, rien. Il faut bien le reconnaître, dans ce domaine, la rupture prônée par Nicolas Sarkozy se fait attendre", déplore-t-il alors que la situation des entreprises les privent de marge de manoeuvre.

Le taux de marge des entreprises a reculé au deuxième trimestre pour le quatrième trimestre consécutif pour tomber à 30%, soit son plus bas niveau depuis la fin 2005.

"Avec des profits aussi bas, les entreprises ne peuvent ni investir, ni exporter, ni augmenter les salaires de façon significative", relève Nicolas Bouzou.

L'investissement a décéléré au deuxième trimestre (+0,4% après +1,4% au trimestre précédent) comme les exportations (+0,9% après +1,4% au premier trimestre).

Plus que jamais la consommation des ménages apparait donc comme le moteur de l'économie française et le garant de l'hypothèse d'une croissance de 2,25% retenue par le gouvernement pour construire son budget 2008.

"Si la consommation des ménages lâchait, la croissance du PIB ne serait pas de 2,25% en 2008, mais plutôt de 1,5%", prévient ainsi Nicolas Bouzou.

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