Mon voeu pour 2008: Un congrès de reconstruction intellectuelle sur une base social-démocrate
Ségolène Royal hésitait depuis le 6 mai pour savoir si elle devait poursuivre sa trajectoire en marge du PS, ou si elle devait en prendre le contrôle pour disposer d’une machine de guerre opérationnelle en 2012 … et peut-être aussi barrer la route à un éventuel concurrent.
Elle semble donc avoir choisi de s’engager dans la bataille d'un prochain congrès "sanglant", tant Ségolène a développé d’inimitiés au sein de son parti.
"En cette année je compte aller jusqu'au bout de ce que j'ai entamé au cours de cette campagne présidentielle", a précisé, sur France 2, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle.
Elle a assorti sa pré-déclaration de candidature d’une réserves ; "être en mesure de rassembler les socialistes sur une offre politique".
Or, présenter une offre politique dans une motion est quelque chose qui semble aujourd'hui hors de sa portée. A en juger à travers cette déclaration:
« Mobiliser beaucoup d'intelligence pour continuer à bouger les lignes politiques», faire «une offre politique qui montre comment résoudre les problèmes sans déconnecter la croissance des inégalités», «définir une nouvelle force politique à gauche». «Il y a de plus en plus d'hommes et de femmes qui se tournent vers moi et se demandent comment collectivement faire en sorte que les idées du PS soient rénovées ».
Si quelqu'un comprend, je suis preneur...
Les réactions au PS ne se sont pas fait attendre.
"Il faut que nous évitions à tout prix une primaire interminable entre des présidentiables qui s'affronteraient dès maintenant jusqu'en 2012", s'est aussitôt alarmé, sur RMC, Arnaud Montebourg, qui n'exclut pas d'être lui-même candidat à la succession de François Hollande. "Il est prématuré de savoir s'il faut mettre un présidentiable à la tête du parti", a poursuivi l'ancien porte-parole de la candidate, qui redoute "des affrontements un peu à la façon du congrès de Rennes".
"L'annonce de la ronde des présidentiables n'est pas inattendue mais vraiment malvenue" et "prématurée", a renchéri Jean-Christophe Cambadélis. "Les présidentiables devraient penser à ceux qui « en bas » travaillent pour contrer le gouvernement et réussir les municipales". "Nous refusons de gâcher la chance historique de faire le parti de toute la gauche, de nous rénover par un combat de présidentiables prématuré. Cela suffit ! Nous ne voulons pas refaire le match, le débat au PS va se clarifier entre ceux qui veulent dès maintenant un présidentiable à sa tête et ceux qui veulent rénover le Parti socialiste pour rénover la gauche".
Pierre Moscovici : Ségolène Royal a, avec prudence mais aussi avec détermination, dit son intention de présenter une « offre politique » au PS et, éventuellement, de briguer sa direction. Je n’y vois rien de surprenant ou d’illégitime, de la part d’une femme qui a été candidate à l’élection présidentielle et qui aspire, avec ses qualités et ses défauts – nous en avons tous – à jouer un rôle à l’avenir. Mais je persiste à penser que ce n’est pas la bonne formule, le bon timing.
Le congrès de 2008, je le répète, ne doit pas à mes yeux être un congrès de pré-désignation de notre candidat à la présidentielle de 2012 : ce serait prématuré, et même dangereux. Je préconise plutôt un congrès de reconstruction à l’automne, lançant pour deux à trois ans un vaste programme de travail – sur notre pensée, nos alliances, notre discours, notre organisation – afin de préparer, en 2010 ou 2011, le choix du candidat sur des bases assainies et décantées, ce choix s’opérant à travers des primaires ouvertes – à toute la gauche ou à l’électorat socialiste, en fonction de l’évolution de la situation.
Une analyse qui rejoint celle de l'Appel pour que le PS se mette au travail, rédigé, entre autres, par Michel Rocard, Pierre Larrouturou et quatorze parlementaires. "La droite espère que 2008 sera pour la gauche une nouvelle année de divisions et de déchirements", écrivent les signataires en soulignant que "la situation risque d'empirer après les municipales de mars 2008, avec la préparation d'un congrès qui risque d'être un nouveau congrès de Rennes, un congrès de déchirements personnels bien plus qu'un temps de reconstruction intellectuelle".
Il reste que si Ségolène Royal veut conquérir le PS en maintenant le cap défini durant sa dernière campagne présidentielle, avec une ouverture vers le centre, et la volonté de briser les tabous idéologiques de la gauche (ordre, autorité, Nation, économie de marché...), ce serait la première fois que le PS serait pris par sa droite.
C'était sur une position médiane, entre son aile droite (Pierre Renaudel) et son aile gauche (Jean Zyromski), que la SFIO avait été tenue par Léon Blum et Paul Faure dans l'entre-deux-guerres.
C'était encore en alternant les alliances avec la gauche (Jean-Pierre Chevènement) et la droite (Pierre Mauroy, Michel Rocard) du parti que François Mitterrand avait dirigé le PS dans les années soixante-dix.
Enfin, c'est en ne tranchant pas entre social-démocratie (Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn) et anti-libéralisme (Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli) que François Hollande s'est maintenu à sa tête.
Il nous faut impérativement , Nous sociaux-démocrates, présenter, diffuser et militer pour notre offre politique.
C'est le voeu que je formule pour 2008 en reprenant la formule d'un ami:
Santé,
Bonheur,
Victoires électorales et ....
Un beau Congrès.
Bonne année à tous!!!!