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La Social-Démocratie dans le 06,
8 octobre 2007

Nous, Sociaux-Démocrates au PS, devons promouvoir une politique de l'offre

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Jusqu'à présent, le concept de politique de l'offre n'appartenait guère au vocabulaire économique de la gauche. Teinté de suspicion, ce terme qui désigne les allégements fiscaux et les aides publiques destinés à stimuler la compétitivité des entreprises et d'un pays, était manié avec la plus extrême prudence. Sans doute apparaissait-il d'essence trop libérale. Les socialistes lui opposaient la notion, d'inspiration keynésienne, de politique de la demande qui recouvre les moyens de stimuler l'activité en soutenant la consommation grâce à la dépense publique ou la hausse des salaires. Il semble pourtant que le Parti socialiste ait vaincu ses réticences à l'égard de la politique dite de l'offre.

Ces derniers jours, les porte-parole du PS en ont fait l'un des points centraux de leur argumentaire contre la politique budgétaire du gouvernement. Au-delà de son aspect "inégalitaire", le "paquet fiscal" a dilapidé les marges de manoeuvre qui auraient permis d'encourager l'investissement et la recherche, ont-ils fait valoir. En parallèle, émerge un discours sur le respect des équilibres budgétaires. "Il faut effacer notre image de parti de la dépense et de l'impôt", insiste Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Le 29 septembre, Laurent Fabius à tenu un discours insistant sur l'orthodoxie budgétaire. "Dans la position actuelle de notre pays, a-t-il expliqué, il faut dire qu'il n'est pas sérieux d'opérer une baisse massive de recettes publiques si elle n'est pas compensée par des ressources équivalentes." Il entame toutefois un recentrage en demandant de muscler les atouts de la France et "de renforcer l'offre des entreprises, en particulier les PME, sans amputer le pouvoir d'achat".

"NOUS ACCUSONS UN RETARD"

Face au gouvernement, cette inflexion de leur discours économique offre un angle d'attaque aux socialistes. Les experts parlementaires du PS assurent qu'il ne s'agit pas d'un positionnement tactique. Jean-Marc Ayrault, qui constate "un recentrage", rappelle "la nécessité de soutenir le pouvoir d'achat" mais revendique aussi une volonté "de favoriser les PME et tous les acteurs qui prennent des risques pour créer et produire".

Michel Sapin, député de l'Indre et délégué national à l'économie du PS, confirme cet "intérêt nouveau en faveur de la notion de compétitivité". L'économie française, estime-t-il, ne souffre pas d'un handicap imputable au coût du travail ou au niveau de l'euro, comme en témoigne le déficit extérieur dont les deux tiers proviennent des échanges avec nos partenaires européens. "En revanche, ajoute-t-il, nous accusons un retard en matière de recherche, de formation, d'investissement et d'appétit pour l'exportation. C'est là qu'il faut agir".

Didier Migaud, président socialiste de la commission des finances, préconise de "moduler et conditionner les aides aux entreprises en fonction de leur capacité à investir, de leurs pratiques salariales et de leur politique de l'emploi". D'après lui, une politique de l'offre "de gauche" doit reposer sur le principe du donnant-donnant, en accordant des allégements d'impôt mais aussi de cotisations sociales selon des objectifs définis au plan national et particulièrement ciblés sur les PME.

"Ce discours - même s'il n'est pas complètement nouveau pour ce qui concerne les équilibres budgétaires - reflète une évolution sensible", se réjouit Thomas Piketty, chercheur à l'Ecole d'économie de Paris. "A long terme, plaide cet économiste qui a soutenu Ségolène Royal pendant la présidentielle, la politique de l'offre constitue le meilleur moyen de répondre aux défis de la mondialisation et d'assurer la pérennité de notre modèle social."

Au PS, on prend soin de rappeler qu'il convient de combiner, et non pas d'opposer, offre et demande. Reste que le discours évolue. Dans le tract national sur le pouvoir d'achat diffusé par les militants du PS depuis le 3 octobre, il n'est pas question du smic à 1 500 euros ou de la généralisation des 35 heures, des revendications régulièrement avancées pendant la campagne électorale.

Jean-Michel Normand

Le Monde

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