Hubert Védrine met en garde Nicolas Sarkozy contre la "tentation occidentaliste"

Hubert Védrine met en garde Nicolas Sarkozy contre la "tentation occidentaliste" dans un rapport sur "la France et la mondialisation" rendu public mercredi.

L'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, chargé en juillet par le chef de l'Etat de cette réflexion après avoir été approché pour revenir au Quai d'Orsay, propose des orientations pour une "stratégie offensive" de la France dans la mondialisation.

M. Védrine insiste sur la nécessité de bâtir un "consensus" politique pour en finir avec la "méfiance stérile" des Français vis-à-vis de la mondialisation. Prenant l'exemple du Danemark, il suggère l'organisation d'un "Grenelle de la mondialisation".

Le rapport pose comme préalable à cette nouvelle politique que les Français soient conscients de leurs atouts dans la mondialisation et les valorisent.

Hubert Védrine préconise une stratégie en cinq volets: adaptation-protection-régulation-solidarité-Europe. Les propositions concrètes d'adaptation, issues des nombreux rapports déjà publiés sur le sujets, ne brillent pas par leur originalité: accroître la capacité exportatrice, lancer "un formidable effort" de mise à niveau du système éducatif, apprendre plus tôt les langues étrangères et les technologies de l'information, porter les crédits de la recherche à 3% du PIB, faire de la France le pays de "l'excellence environnementale"...

L'ancien ministre socialiste rejoint Nicolas Sarkozy lorsqu'il insiste sur la nécessité de "protection" contre "les pratiques commerciales ou capitalistes déloyales".

Comme le président, il souhaite que l'Union européenne "joue un rôle plus important" à cet égard. Il appelle de ses voeux une "contre offensive ambitieuse" de l'Europe, prônant notamment la réciprocité en ce qui concerne les prises de contrôle de groupes industriels, l'élaboration de règles communes face aux "fonds souverains" -capitaux publics d'origine russe, chinoise ou des pays du Golfe qui pourraient représenter 15% du PIB mondial dans cinq ans-, ou une "compensation" entre les secteurs qui bénéficient du cours actuel de l'euro et les autres.

Cette nouvelle stratégie nécessite que la France "repense" sa politique étrangère, estime M. Védrine. Dans ce cadre, il met en garde contre la "tentation occidentaliste" d'un courant de pensée "fort à l'UMP et dans le monde industriel", qui donne la priorité à la guerre contre le terrorisme et prône le retour de la France dans le système de commandement intégré de l'OTAN.

"A un moment où l'administration Bush sortante a rendu les Etats-Unis plus impopulaires que jamais dans le monde, quel serait l'intérêt de réveiller une telle polémique?", demande M. Védrine. Il estime cependant que cette question "pourrait se présenter autrement après 2009", à condition que l'Alliance se réforme pour reconnaître l'autonomie de son pilier européen et accepter un "débat entre alliés" sur les options stratégiques.

Concernant les relations avec les Etats-Unis, M. Védrine reprend la formule "alliés, pas alignés" utilisée la semaine dernière par M. Sarkozy dans son discours aux ambassadeurs.

Il prône "une coopération pragmatique" avec l'actuelle administration Bush jusqu'à la fin 2008, et l'élaboration avec les Européens d'une position commune sur l'évolution de l'alliance transatlantique en vue de la présenter début 2009 au nouveau président américain.

Globalement, M. Védrine souhaite un "changement de ton" dans la politique étrangère française, avec "davantage de modestie". Rejetant la "politique de coups", il préconise une "politique moderne d'influence" au sein de l'Union européenne et des enceintes internationales.

Il souhaite que la diplomatie française "prenne la mesure" des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil), et "résiste" à la Russie tout en coopérant avec elle.

Hubert Védrine milite enfin pour le maintien -tout en les réformant- d'une politique arabe et d'une politique africaine.

Comments

[Philippe Blancha]

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ce gouvernement ne sait faire que des rapports, les résultats sont absents, la politique étrangère est à revoir en intégralité. Les français ont une patience limité.